insomnie menstruelle

Sommeil et cycle menstruel : l'insomnie menstruelle

Écrit par : Camille Raynaud

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Temps de lecture 11 min

Les nuits avant tes règles sont assez laborieuses ? Réveil nocturne, endormissement difficile, insomnies, difficultés à trouver ou retrouver le sommeil, tu es loin d’être seule !


L’insomnie menstruelle, une insomnie qui serait donc liée directement à ton cycle menstruel et à tes règles, concernerait 62 % des femmes !


Ce trouble du sommeil récurrent, lié aux fluctuations d’œstrogènes et de progestérone, perturbe le sommeil surtout pendant la phase lutéale, quand la température corporelle augmente, perturbant la mélatonine.


Ce nouvel article décortique ces mécanismes et t’offre des astuces concrètes – routine de sommeil, alimentation adaptée, astuces – pour récupérer 1 à 2 heures de sommeil perdues par nuit.


Les insomnies menstruelles représenteraient 5 mois de sommeil perdus en moyenne sur toute une vie ! Découvre comment le rattraper et enfin retrouver un sommeil réparateur, en phase avec ton cycle menstruel, sans stress lié aux fuites nocturnes.

L’insomnie menstruelle : quand les règles t’empêchent de dormir

La phase lutéale et la perturbation de la mélatonine

Tu connais des nuits plutôt agitées quelques jours avant tes menstruations ? Tu souffres très certainement d’insomnie menstruelle.


Ces difficultés à trouver le sommeil sont directement liées à ton cycle hormonal et féminin, le cycle menstruel. Plus exactement, plus de 60% des femmes menstruées ont connu des insomnies menstruelles au cours de leur phase lutéale.


Petit rappel : on te le rappelle, la phase lutéale est la dernière phase du cycle menstruel. Elle se déroule juste après la phase ovulatoire. Pendant une quinzaine de jours, l’utérus est prêt à la fécondation. S’il n’y a pas de fécondation (contraception ou pas de rapport sexuel) alors les hormones élevées chutent entrainant de nouvelles règles et le début d’un nouveau cycle. C’est au cours de la phase lutéale que l’on observe les SPM ou syndrome pré menstruel. Selon les femmes, les SPM sont très différents, légers ou plus graves : maux de ventre, de dos, de tête, fatigue, irritabilité, sensibilité exacerbée, blues, etc.

« 62 % des femmes souffrent d’un sommeil agité pendant la phase lutéale du cycle menstruel. »

Entre l'ovulation et les règles, la progestérone augmente, élevant la température corporelle de 0,3°C et perturbant notamment la mélatonine, l'hormone du sommeil. En phase folliculaire (début du cycle), un taux d'œstrogènes élevé facilite le repos grâce à une température corporelle plus basse.

Une fatigue qui s’accumule

Ces perturbations du sommeil s'accumulent sur une vie : 1 à 2 heures de sommeil perdues par nuit pendant la phase lutéale soit 97,5 heures annuelles ou près de 5 mois de sommeil évanouis.


Alors pourquoi avons-nous plus de mal à dormir ? La chaleur accrue, combinée aux symptômes du syndrome prémenstruel (douleurs, ballonnements, anxiété) ou du trouble dysphorique prémenstruel (irritabilité, fatigue), rend l'endormissement difficile, même pour les bonnes « dormeuses ».

Ce trouble du sommeil entache la qualité de vie :

nous sommes plus fatiguées,

nous avons plus de difficulté à nous concentrer,
nous sommes plus irritables.

« Un manque répétitif qui altère concentration, humeur et même fertilité, les cycles courts ou longs étant associés à un sommeil insuffisant. Les nuits fragmentées réduisent également le temps de sommeil profond, essentiel à la régénération cellulaire. »



À long terme, si l’insomnie menstruelle est grave, elle favoriserait :

la baisse de motivation,

un risque accru de dépression,

et une résistance à l'insuline.

Aussi un sommeil perturbé peut aggraver les règles ou prolonger les cycles, créant un cercle vicieux. Pourtant, des solutions existent.

Clara
flux abondant
culotte flux abondant

Les hormones et le sommeil

Comment les œstrogènes et la progestérone influencent-ils nos nuits ?


Comparaison des phases du cycle menstruel et leur impact sur le sommeil

Phase du cycle
Niveau d’œstrogènes
Niveau de progestérone
Température corporelle
Impact sur le sommeil

Phase folliculaire
Élevé
Bas
Basse
Bonne qualité de sommeil, favorisée par la production de mélatonine
Phase lutéale
Baisse progressive
Augmente puis chute
Élevée (36,4°C à 36,7°C)
Endormissement difficile, sommeil fragmenté, qualité réduite

Phase folliculaire, œstrogènes et température basse

La phase folliculaire (du 1er jour des règles à l’ovulation soit les premiers quinze jours du mois environ) est marquée par des niveaux élevés d’œstrogènes. Cette hormone stimule la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, en favorisant la conversion de la sérotonine en mélatonine.


En maintenant une température corporelle basse (autour de 36,4°C), elle crée un environnement idéal pour un sommeil réparateur. Les nuits sont plus longues et moins entrecoupées. Pour info : la nuit, notre température baisse légèrement, c’est pour cela que l’on va se couvrir.

Phase lutéale, progestérone et température haute

À l’inverse, la phase lutéale (de l’ovulation aux règles soit les derniers quinze jours du mois environ) voit la progestérone prendre le relais. Elle provoque une élévation thermique de 0,3 à 0,5°C, perturbant la synthèse de mélatonine.


Cette hausse déséquilibre l’horloge biologique. Les réveils nocturnes se multiplient, et la qualité du sommeil atteint son plus bas niveau pendant la phase lutéale tardive. La progestérone, bien que sédatif naturel, perd son effet bénéfique en cas de chute brutale, ce qui explique la fatigue paradoxale malgré le sommeil perturbé.

Chute des hormones en fin de phase lutéale

Le déclencheur principal ? La chute simultanée des deux hormones juste avant les règles. Cette baisse accentue les symptômes prémenstruels (crampes, anxiété) et aggrave les troubles du sommeil. Les femmes atteintes de syndrome prémenstruel (SPM) ou trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) sont particulièrement vulnérables, avec des réveils précoces (vers 3-4h) et une fatigue chronique. Ces troubles s’expliquent aussi par des déséquilibres en sérotonine, un neurotransmetteur régulé par les œstrogènes.

Mathilde
Mathilde
Mathilde

Reconnaître les symptômes de l'insomnie liée aux règles

Symptômes physiques et psychologiques

L'insomnie menstruelle ne se manifeste jamais isolément. Elle s'accompagne souvent de symptômes physiques et psychologiques liés au syndrome prémenstruel (SPM) ou au trouble dysphorique prémenstruel (TDPM).

"Ces signaux corporels créent un cercle vicieux : ils perturbent le sommeil, et la fatigue qui en résulte aggrave leur intensité."

Symptômes physiques : crampes abdominales, ballonnements, maux de dos, seins sensibles, maux de tête, saignements abondants.

Symptômes psychologiques : stress, anxiété, irritabilité, sautes d'humeur, fatigue émotionnelle, difficultés de concentration.

Crampes, ballonnements et anxiété

Les crampes abdominales sont l'un des signaux les plus fréquents. Ces douleurs, souvent décrites comme des contractions, empêchent de trouver une position confortable. Elles provoquent des réveils nocturnes ou un endormissement difficile, surtout pendant la phase lutéale tardive.

Les ballonnements ajoutent une gêne physique. La sensation de ventre distendu trouble la détente musculaire nécessaire à l'endormissement. Associés aux maux de dos ou aux seins sensibles, ils transforment la nuit en quête épuisante de soulagement.

L'anxiété joue un rôle central. Les variations hormonales affectent la production de sérotonine, neurotransmetteur régulant l'humeur. Résultat : l'esprit tourne en boucle, les pensées s'accélèrent, et le sommeil devient insaisissable. Même un léger stress prémenstruel peut déclencher un cycle d'éveil prolongé.

Nos conseils pratiques pour retrouver un sommeil réparateur

Comprendre ces mécanismes aide à adapter ses habitudes et à briser ce cercle. En identifiant les symptômes responsables, on peut cibler des solutions adaptées. Une chambre à 19°C, un coucher régulier ou l’évitement des écrans avant de dormir deviennent des leviers concrets pour compenser ces variations hormonales. Des gestes simples, comme un bain chaud (qui abaisse la température corporelle) ou une collation légère (banane avec beurre d’amande, riche en tryptophane), peuvent aussi améliorer la qualité du sommeil.

Adopter une bonne hygiène de sommeil

Une routine de sommeil régulière atténue les déséquilibres hormonaux liés au cycle menstruel.

Respecter des horaires fixes pour ancrer le rythme biologique et limiter les réveils nocturnes. En maintenant des horaires fixes, même le week-end, tu renforces ton rythme circadien, compensant ces fluctuations.

Un environnement adapté joue un rôle décisif : une chambre à 19°C, un espace sombre et silencieux favorisent la récupération profonde. Crée-toi un cocon apaisant : rideaux occultants, bouchons d’oreille, oreiller confortable, machine à bruit blanc.

Éviter les écrans et la lumière bleue 1h avant le coucher pour préserver la mélatonine, fragilisée par les hormones de la phase lutéale.

Une alimentation adaptée

L’alimentation influence le sommeil, surtout en phase prémenstruelle. Les pics de progestérone ralentissent la digestion, rendant les repas lourds sources de ballonnements et de réveils.


Une collation légère (banane + beurre d’amande, yaourt grec) prévient la faim sans surcharger l’organisme. Les choix alimentaires évitent aussi les pics glycémiques, qui perturbent la stabilité émotionnelle liée aux hormones.


Que faut-il éviter de consommer le soir ?

Le café, dont les effets stimulants persistent jusqu’à 8h, aggravant l’insomnie hormonale.

L’alcool, qui réduit le sommeil paradoxal (REM), essentiel à la récupération mentale et émotionnelle.

Les plats gras, qui augmentent la température corporelle et provoquent des inconforts digestifs fréquents en phase lutéale.

Gérer son stress et l’activité physique

Complète ces efforts par une activité physique douce. Le yoga ou les étirements stimulent la sérotonine, réduisant l’anxiété liée au SPM, tout en baissant le cortisol, l’hormone du stress.


Évitez les sports intenses avant le coucher, qui élèvent la température corporelle. Privilégie la méditation : la respiration abdominale ou les exercices guidés par des applis (comme Petit Bambou) apaisent l’esprit et préparent à un sommeil profond.


Des étirements d’une dizaine de minutes avant de te coucher sont facilement accessibles sur internet et permettent de se détendre.

L’impact de l'insomnie menstruelle au-delà de la fatigue

Les variations hormonales perturbent le sommeil. Un sommeil de mauvaise qualité déséquilibre aussi le cycle menstruel, entraînant des règles irrégulières ou plus abondantes. Cette interaction bidirectionnelle montre que les hormones influencent le repos, et vice-versa.

Un cycle menstruel perturbé : Les nuits agitées modifient la production d'œstrogènes et de progestérone, affectant la durée des cycles.

Fertilité : Dormir 7 à 8 heures par nuit augmente les taux de conception vs 4-6h. Le sommeil régule le cycle circadien, essentiel à la maturation des ovocytes.

Grossesse : 38 % des femmes souffrent d'insomnie dès le premier trimestre, liée aux hormones. Dormir moins de 6h en fin de grossesse augmente les risques de diabète gestationnel. Une hygiène de sommeil stricte atténue ces effets.

Périménopause : 47 % des femmes en périménopause ont des troubles du sommeil dus à des bouffées de chaleur. Un repos insuffisant accroît les risques de maladies cardiovasculaires ou de diabète. La gestion du stress améliore le sommeil.

« De l'adolescence à la périménopause, le sommeil reste un pilier de la santé reproductive. »

Quand faut-il consulter ?

Ta fatigue et ta frustration sont réelles et légitimes.


Si les troubles persistent malgré une hygiène de sommeil stricte (routine, environnement calme, éviction des excitants) et impactent ta qualité de vie (travail, humeur), consulte. C’est nécessaire en cas de règles abondantes, douleurs intenses ou sautes d’humeur invalidantes, qui pourraient révéler un SPM ou un TDPM. Ce dernier inclut souvent des réveils précoces (3 à 4h) avec des idées noires, liés à des chutes hormonales.


Un gynécologue pourra proposer des solutions ciblées : ajustement hormonal, anti-inflammatoires ou contraception adaptée (pilule, stérilet). Il éliminera aussi des causes sous-jacentes comme les fibromes. Une prise en charge personnalisée restaure souvent un sommeil réparateur.


L'insomnie menstruelle n’est pas une fatalité. En écoutant son corps et en agissant rapidement, chaque femme peut réduire son impact. Consulter est un acte de bienveillance, non de faiblesse. Ton sommeil est essentiel : préserve-le activement pour un meilleur équilibre global.

En bref

62 % des femmes souffrent d'insomnie prémenstruelle liée aux œstrogènes et progestérone qui perturbent mélatonine et température corporelle. Cette perte de sommeil chronique, jusqu'à 5 mois de vie, impacte la fertilité, la grossesse et la périménopause. Une hygiène de sommeil adaptée réduisent ces effets biologiques méconnus mais concrets. Si les troubles persistent, consulte un gynécologue pour un accompagnement personnalisé. Prends soin de ton sommeil, il est essentiel à votre bien-être global.

FAQ insomnie menstruelle

Pourquoi ai-je du mal à trouver le sommeil pendant mes règles ?

Les difficultés d'endormissement pendant les règles sont principalement liées aux fluctuations hormonales. La progestérone, qui augmente en fin de cycle, élève légèrement la température corporelle, perturbant la production de mélatonine, l'hormone du sommeil. En parallèle, des symptômes physiques comme les crampes abdominales ou les seins sensibles, ainsi que des tensions psychologiques (stress, anxiété), peuvent aggraver l'insomnie. 62 % des femmes constatent un sommeil agité avant leurs règles, avec une perte moyenne de 1 à 2 heures de repos par nuit.

Quel déséquilibre hormonal déclenche l'insomnie ?

L'insomnie menstruelle résulte d'une danse désordonnée entre œstrogènes et progestérone. En phase lutéale (après l'ovulation), la progestérone grimpe, échauffant le corps de 0,3°C et réduisant la mélatonine. En même temps, les œstrogènes chutent brutalement. Ces deux hormones, régulatrices du sommeil, créent un déséquilibre qui perturbe à la fois l'endormissement et la qualité du sommeil profond.

Pourquoi l'insomnie survient-elle avant les règles ?

Avant les règles, la phase lutéale marque un pic de progestérone et une baisse des œstrogènes. Cette combinaison active un double effet perturbateur : la température corporelle augmente, perturbant le déclenchement du sommeil, tandis que les symptômes du syndrome prémenstruel (SPM) – comme l'anxiété ou les ballonnements – alimentent un cercle vicieux.

Comment reconnaître l'insomnie d'origine hormonale ?

L'insomnie hormonale se caractérise par sa régularité cyclique. Tu constates des troubles récurrents 1 à 2 semaines avant tes règles, avec réveils nocturnes fréquents, difficulté à s'endormir ou sommeil non réparateur. Ces symptômes s'accompagnent souvent de signes physiques (douleurs abdominales, seins douloureux) et psychologiques (irritabilité, anxiété). Contrairement à l'insomnie chronique, elle disparaît spontanément avec l'arrivée des règles, pour réapparaître le cycle suivant.

Est-il normal de dormir peu pendant ses règles ?

Dormir moins bien pendant ses règles est fréquent, mais pas anormal. 62 % des femmes vivent des troubles temporaires, liés aux variations hormonales.

Quelle position facilite le sommeil pendant les règles ?

Adopte la posture fœtale en position latérale, genoux repliés vers la poitrine, pour apaiser les crampes. Un coussin entre les jambes réduit la pression pelvienne. Si les seins sont sensibles, dors sur le dos avec un oreiller sous les genoux. Pour les flux abondants, préfère le côté gauche pour favoriser l'évacuation du sang.

Comment atténuer l'insomnie liée aux hormones ?

Priorise une hygiène de sommeil rigoureuse : coucher à la même heure, chambre à 19°C, écrans éteints 1h avant. Intègre des rituels relaxants (yoga, respiration profonde) et des aliments riches en tryptophane (banane, yaourt grec). Évite caféine et alcool. En cas de symptômes sévères (insomnie 3 nuits/semaine pendant 3 mois), consulte un gynécologue pour explorer des solutions hormonales ou comportementales.

Pour aller plus loin...

Bien dormir pendant ses règles ?